Barcelone, aux cris de «Aznar, confesse-toi!»
La Catalogne a retrouvé sa verve, hostile au Parti populaire, comme lors de la guerre en Irak.

Derrière la banderole «la Catalogne avec les victimes du terrorisme», il y a tout le gouvernement catalan, le socialiste Pasqual Maragall en tête. Plus loin, sous les projecteurs des télévisions, une foule énorme ­ plus de 1,2 million de personnes ­ se forme. Peu de slogans au départ. Les organisateurs ont demandé que l'événement ne soit pas utilisé comme argument avant les élections. Mais l'arrivée de Josep Pique, ancien ministre d'Aznar et patron du Parti populaire (PP) catalan, en compagnie de Rato, le ministre de l'Economie, déchaîne des sifflets. Des cris aussi. «Fascistes !» s'exclament certains, alors que d'autres portent des badges «Aznar, confesse-toi !».

«CouPPable». A la nouvelle de l'implication possible d'Al-Qaeda, la manifestation contre le terrorisme prend un tout autre tour. Les banderoles contre la guerre en Irak se multiplient, les pancartes contre le gouvernement prennent une tonalité violente. On voit même un «Aznar, va-t'en en train !» et un «couPPable». L'ancien ministre Pique, bousculé par une foule agressive, doit être évacué sous la protection de la police.

Le doute sur la culpabilité d'ETA a monté toute la journée de vendredi. Pendant la matinée, des étudiants ont déposé des banderoles devant le palais de la Generalitat, dont l'une disait : «Aznar, contemple ton oeuvre !» Une autre : «Cette guerre n'est pas la nôtre mais celle du PP». Dans la manifestation, on voit beaucoup de badges et de drapeaux qui avaient déjà servi l'an dernier, quand Barcelone s'était fait champion des manifestations contre la guerre en Irak. C'est comme si l'hypothèse d'un attentat d'Al-Qaeda avait remonté le moral des Barcelonais, qui votent généralement massivement contre le parti d'Aznar.

«Tension». «Il n'y aurait rien de pire que la répétition du tête-à-tête belliqueux entre ETA et Aznar, explique un cinéaste du collectif Hay Motivo. La tension serait au maximum, et c'est bien ce que recherche le PP...» L'écrivain Andreu Martin estime, pour sa part, qu'en cas de responsabilité avérée d'ETA, les gens voteront pour le PP, adversaire le plus déterminé de la «bande basque», comme disent les Espagnols, mais qu'en cas de responsabilité d'Al-Qaeda, le mouvement ira en sens contraire. Contre le PP.

Edouard Waintrop, al Libération

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